Comme dans les autres groupes sociaux, le conflit fait partie intégrante d’un club sportif. Heureusement, il n’est pas nécessairement important au point de ternir l’ambiance dans l’équipe, il s’agit le plus souvent d’un malentendu ou d’une « légère embrouille » qui n’affecte pas le groupe. Quelquefois pourtant, le conflit peut être destructeur, et si personne ne tente de le régler rapidement, il peut se propager très vite aux autres joueurs (ou staff ou dirigeants)… Il est donc important de faire un travail psychologique avec le groupe.

gestion conflit foot

La gestion du conflit passe par la discussion

Une erreur souvent commise pour tenter de résoudre un conflit est d’infliger une sanction sans réelle discussion. Le joueur n’aura pas le choix que d’encaisser la sanction, mais il ne sera pas d’accord avec elle. Il va donc rester sur ses positions et augmenter sa rancœur ou sa haine contre son « adversaire », ce qui ne résoudra en rien le conflit. Attention, lorsque le conflit tourne au règlement de compte (insultes, bagarres, intimidations, pression psychologique…), des sanctions doivent évidemment être prises. Mais surtout pour que le sportif comprenne qu’il est allé trop loin et a eu un comportement inacceptable, pas pour gérer le fond du conflit en tant que tel…

Les « attaques », qu’elles soient verbales ou physiques, sont à proscrire ! Elles menacent les relations interpersonnelles, ne sont pas constructives, et servent uniquement à gonfler son ego en tentant de détruire l’ego de celui qui devient son « adversaire » : elles risquent de mener à un point de non-retour qui rend alors impossible la résolution du conflit.

Ne pas chercher à éviter le conflit

Pour régler un conflit dans une équipe sportive, on utilisera les méthodes de résolution de conflits mises en place dans les entreprises. Le point primordial est la communication (et l’écoute, indispensable pour une bonne communication !). Sans communication, les deux parties restent sur leurs positions, vont chercher des soutiens (c’est notamment pour cela que le conflit se propage), et rien ne peut donc se régler. Chercher à éviter le conflit n’est pas une bonne solution : il est normal qu’il apparaisse de temps en temps, mais si on ne veut pas accepter qu’il puisse exister, on n’encourage pas son expression et donc sa résolution (au contraire !). Il est préférable de repérer une situation conflictuelle le plus tôt possible, pour la transformer en une discussion constructive, qui débouche sur des solutions ou au moins des compromis.

Il faut aussi rester centré sur les faits sans trop entrer dans l’émotion. On se rend souvent compte que les conflits naissent d’une incompréhension (par exemple une petite phrase qui va être prise pour une attaque personnelle alors que c’était juste une maladresse qui n’avait pas pour but de blesser) ou d’une grande différence dans les traits de personnalité des deux individus en conflit (la personnalité d’un individu va le pousser à agir d’une certaine manière qui peut être totalement opposée à la façon de faire d’un autre individu qui a une personnalité différente ; cela ne signifie pas qu’une façon de faire est meilleure que l’autre !).

Une personne extérieure comme pacificateur neutre

Faire intervenir un « médiateur », c’est-à-dire une personne extérieure au conflit, qui n’aura pas d’intérêt à pencher spécifiquement pour l’un ou l’autre des protagonistes, est souvent bien utile. Ce médiateur aura pour rôle d’aider les deux individus (ou groupes) en conflit à changer d’état d’esprit : accepter les critiques, prendre du recul pour ne pas trop faire intervenir les émotions qui feraient perdre en objectivité, comprendre le point de vue de l’autre, ne pas se borner, chercher une solution commune qui puisse satisfaire les deux parties. Le médiateur se doit d’être juste et de garantir l’équité.

Ainsi, les deux protagonistes du conflit doivent être sur un pied d’égalité, sans que l’un ait un rôle plus important que l’autre, même s’il s’agit de l’entraîneur ou du président du club ! C’est toujours plus difficile dans ces cas-là, car un joueur aura forcément plus à perdre dans le conflit qu’un entraîneur ou un président de club, mais un entraîneur ou un président confronté à un conflit avec un de ses joueurs doit avoir l’intelligence de ne pas se mettre en position de force, plutôt d’écouter les revendications, les comprendre, pour éventuellement trouver une solution. Si un joueur sent qu’il parle dans le vide ou qu’il est pris de haut, le conflit aura tendance à se renforcer…

Ces quelques recommandations peuvent permettre de transformer un conflit potentiellement destructeur en un apaisement bénéfique et constructeur…

Sébastien MAGNE
Psychologue du Sport
www.psyetsport.com

Nos autres articles sur l’aspect mental, psychologique au football

3.7/5 - (3 votes)
×
×

Panier