Parmi les aspects importants du travail psychologique au football, il y a la causerie d’une manière générale (avant match, mi-temps, après match). L’entraîneur a composé son équipe en faisant des choix. Il connaît ses joueurs et a créé avec eux un système collectif solide et sain, basé sur la sincérité, le respect et une envie inconditionnelle de gagner tous ensemble. Les joueurs avancent, personne, pour peu qu’il respecte les règles du groupe, n’est mis sur le côté. Même s’il y a des titulaires et des remplaçants, ce qui est le propre d’une équipe, le leader a été choisi collectivement, non imposé, c’est ce qui fait la force de cette équipe. Sa cohérence.
C’est ainsi que l’entraîneur a fait d’un simple groupe d’individus ayant la même passion, une équipe composée de joueurs ayant la même vision. Dans la construction de son équipe, l’entraîneur doit avoir déterminé le cadre dynamique afin que chaque joueur soit à la bonne place.
Pour aller plus loin, je pense que pour qu’une équipe, un système soit efficace, évolue en cohérence, les moments de co-constructions et de remise en question, d’analyse doivent faire partie intégrante de l’entraînement. L’entraîneur pose des problématiques, l’équipe trouve les solutions tout au long de la préparation de l’événement, le Jour J les joueurs sont normalement prêts ou alors l’entraineur a failli ! L’idée est de tirer le groupe vers le haut, de toujours être en quête d’évolution. Pour cela aussi, un bon entraîneur se remet en question régulièrement. En progressant dans ses réflexions, il fera inévitablement avancer son équipe.
Qu’est-ce qu’une bonne causerie ?
La causerie, donc, est une des résultantes de tout ce savant management. Chacun construira sa causerie comme bon lui semble avec sa propre authenticité. Il n’y a pas de modèle à suivre, néanmoins quelques ingrédients de base semblent être le ciment d’un bon discours :
- Authenticité.
- De la sincérité dans les propos et des mots choisis, pensés en amont, sans improvisation.
- Rester dans la réalité. Avec des « si », on refait le monde. Des faits, juste des faits.
- De l’énergie !!! l’énergie se transmet entre humains, transmettez la-vôtre, restez positifs !
Certains entraîneurs ne sont pas à l’aise avec l’exercice, ce n’est pas gênant. Il faudra simplement être capable de déléguer justement cette tâche à quelqu’un d’autre, de plus compétent en la matière… et l’accepter ! Reconnaître, exploiter les forces des autres c’est aussi cela construire une excellente équipe.
Pour conclure, une bonne causerie se construit en lien direct avec l’équipe. Que ce soit l’entraîneur ou le leader, celui qui prend la parole doit savoir à qui il s’adresse vraiment. Le discours peut être préalablement construit (une causerie d’avant-match par exemple) ou alors aménagé en fonction de la rencontre. Mieux l’on connaît ses joueurs ou ses partenaires de jeu, plus il sera facile d’être cohérent, précis pendant le discours. Je définis « la causerie » comme un outil qui peut-être utilisé afin de recadrer, recentrer ou même motiver une équipe.
Faut-il toujours faire une causerie ?
J’insiste bien sur le fait que c’est un outil que l’on n’utilise pas systématiquement, que l’on manie avec précision, car il peut aussi bien « tirer vers le haut » une équipe, que « l’emmener au fond ». Lorsque l’on n’est pas sûr de ses mots, il vaut mieux se taire. Une causerie n’a de sens que si elle produit l’effet escompté, sinon c’est un échec qui peut amener des doutes profonds dans la tête des joueurs et des joueuses, et, devenir un boomerang qui discrédite l’entraineur.
Des exemples de causeries exemplaires
Pour conclure, je vous invite à prêter une oreille attentive à quelques causeries références :
Aimé Jacquet à la mi-temps de France Croatie en juillet 98
Les bleus sont menés pour la première fois du tournoi. Pour le franc-parler au moment d’une situation inédite.
Claude Onesta avant France Danemark en janvier 2016
La dimension posée et onirique qui caractérise le travail de cet entraineur.
Tony Parker à la mi-temps de France-Espagne lors de l’euro 2013
L’’équipe est menée et avec une quasi improvisation qui vient des tripes et joue sur la corde affective.
Didier Deschamps avant le match retour Monaco Madrid en 2004
Alors que l’exploit est obligatoire pour passer l’obstacle. Pour un discours de sachant qui calmement mais surement conditionne ses joueurs à l’exploit.
Celle de Pascal Dupraz avant Angers-Toulouse match qui peut sauver le TFC de la relégation
Pour la dimension poétique et son registre sentimental que l’on n’attend pas à ce moment, ‘est un contre-pied qui va s’avérer payant.
François BARD
Coach-facilitateur du travail en équipe et professeur de Judo
www.francoisbardcoaching.com